Belles d’hiver
Les températures étant douces pour la saison ces derniers jours, je ne peux résister à l’appel de l’eau. De plus, lorsque j’ai récemment écrit l’article sur la pêche hivernale, de nombreux souvenirs ont refait surface. Je décide ainsi d’aller repêcher ce fameux poste de tenue, dans le but de vérifier si le poison y est toujours en activité.
Pour l’occasion, je roule 10 œufs d’un mix carné-robin red. J’y adjoins 5 ml d’arôme « original crabe » de Big Carp ainsi que 50 ml de Bingo « super food » du même fabricant. Le tout est roulé en 16mm et cuit très légèrement, dans le but d’obtenir un appât relativement mou.
Un coktail détonant!!!
Il n’a pas gelé cette nuit, c’est plutôt de bonne augure. Mais il ne fait pas chaud non plus. Le panneau de la pompe à essence indique 1° à 8 heures du matin. Confiant, je parcours à pied le kilomètre qui sépare mon poste de l’endroit de stationnement.
Pour l’occasion, je me suis allégé au maximum. Un sac à dos (contenant le petit matériel nécessaire, les appâts et autres boost ainsi que le pique-nique et l’appareil photo), le fourreau (contenant cannes, épuisette, parapluie, piques et Delkims) , un level-chair et le matelas de réception sont suffisants pour une telle « pêchouille ».
L’arrivée sur le poste et le montage des cannes se font à pas de Sioux, étant donné que la bordure convoitée est proche et que l’eau est des plus limpides. Sur la première canne je place une flottante Big carpe « original crabe » préalablement trempée dans du superfood. Je joins un soluble d’une dizaine de demi- bouillettes au montage. La ligne est placée à ras d’un éboulis rocheux qui m’a déjà rapporté plus d’un poisson.
Je pose la canne sur ses piques et allume le Delkim. Alors que je suis occupé de régler la centrale sur le détecteur, le moulin s’emballe…
Et me voici aux prises avec une belle d’hiver qui me gratifie d’un beau rush au départ. Malgré la petite taille apparente du poison, le combat est tout en puissance. Arrivée en bordure, je peux l’observer grâce à une eau transparente. J’épuise ainsi une belle commune hivernale, avec de superbes couleurs de saison, le pied ! Lors de la remise à l’eau, je repense au départ. C’est tout simplement hallucinant d’avoir eu un départ aussi rapidement (la ligne était placée depuis moins de 2 minutes…) quand on connaît la relative pauvreté piscicole du lieu.
Pourvu que ça dure…
Départ immédiat...
Cette canne replacée, je peux enfin sortir la deuxième canne de mon fourreau. Sur cette canne posée au ras d’une branche immergée, je place une boule dense additionnée de pâte crue, le tout monté en D-rig… Je l’amorce précisément d’une quinzaine d’appâts. Une fois le matériel rangé, je prends la température de l’eau. Sous un mètre cinquante d’eau elle est d’à peine 6°… Ce n’est pas aujourd’hui que j’irai poser avec elles dans l’eau.
Mais mon attente n’est que de courte durée, puisque c’est à présent au tour de la canne au ras de la branche de démarrer. La canne étant placée à une trentaine de mètres, j’effectue (ça devient une habitude… ;-) ) un sprint pour aller la brider. Mais celle-ci est déjà rentrée au cœur des obstacles. Mais grâce à ma tête de ligne en 60%, je parviens à l’en sortir. Le combat reprend alors de plus belle en pleine eau. C’est de nouveau une commune étincelante, un peu plus petite que la précédente mais tout aussi combative.
Belle combattante automnale
La ligne est replacée précisément et réamorcée de quelques bouillettes additionnées de micro - pellets. J’observe alors un cormoran non loin de mon poste. Cet oiseau de malheur démontre bien des facilités et remonte presque à tous les coups avec un gardon de belle taille dans le bec. Après que ma fronde ait chauffé, il quitte enfin définitivement le secteur. Quand on sait qu’un tel oiseau se nourrit en moyenne d’un kg de poisson au quotidien, on peut se poser des questions quant à l’avenir du menu fretin face à un tel développement de l’espèce volatile.
Parenthèse fermée, revenons à nos moutons, ou plutôt à nos carpes. Le temps commence à se réchauffer quelque peu, ce qui n’est pas pour me déplaire. Assis sur mon level, je contemple ainsi la nature endormie. Un coup de fusil me fait sursauter net. Des chasseurs sont en train de tirer des faisans dans le champ voisin. Je vous conseille de prendre garde lors de telles situations, car il m’est déjà arrivé de recevoir du plomb sur mon parapluie…Ces chasseurs ne respectent bien souvent pas les normes de sécurité, et tirent à tout va ! J’observe la scène et c’est avec une certaine satisfaction que je vois ce faisan leur échapper, volant sous les balles, ou plutôt devrais-je dire évitant les nuages de plombs…
Le soleil n’aura été que de courte durée, les nuages faisant leur réapparition. Il est à présent presque midi et je me décide à casser la croûte. C’est bien entendu ce moment là qu’a choisi dame carpe pour s’emparer de ma flottante boostée…Le combat est bref, cette petite miroir semblant endormie par la faible température des eaux.
Apparemment, les petites sont de sortie pendant que les grosses sommeillent…
Après avoir replacé la ligne, je peux enfin satisfaire mon estomac criant famine. Comme à l’accoutumée, une bonne boîte de raviolis fera l’affaire, à défaut de mets plus ragoûtants…Mais peu importe, le but premier étant de manger chaud pour se réchauffer quelque peu. Après avoir dégusté cette conserve, chef d’œuvre de la restauration italienne…lol,
Je relis attentivement mon carnet de notes. Ainsi, je vois défiler toute une saison de pêche, avec la prise de quelques beaux poissons, mais surtout de superbes moments riches en amitié et en dépaysement total dans bien des situations.
Mais fini de rêvasser, je dois sprinter à nouveau car la canne au ras de la branche démarre à nouveau. Je parviens à la brider avant qu’elle ne parvienne au cœur de l’obstacle. Elle va chercher à présent les blocs rocheux en bordure mais je parviens à lui faire entendre raison en la dirigeant dans l’épuisette. Comme à l’habitude sur ce secteur, il s’agit d’une commune en longueur. Certes pas lourde, mais en cette saison tout poisson est bon à prendre, le reste ne faisant figure que de bonus.
La journée commence tout doucement à toucher à sa fin et je me décide à ranger la matériel, avant d’effectuer dans l’autre sens les deux kilomètres qui me séparent de la route.
En conclusion, je dirais qu’une fois de plus en hiver la prospection est le facteur le plus important face à des poissons peu nomades. Bien souvent, quand on à trouvé le poisson, c’est déjà 70% de fait. Reste alors à lui proposer des appâts de qualité en lesquels on porte une grande confiance. La beauté de la robe de ces poissons de saison restera longtemps gravée dans ma mémoire, avec l’espoir de les reprendre l’hiver prochain…
Publié par Nico le 27-12-2004