La pêche en carrière
La pêche en carrière, gravière, ou sablière est souvent bien plus difficile qu'il n'y paraît, même lorsqu'elles sont vierges de toute pression de pêche et parfois encore en exploitation.
Y prendre une carpe ne sera que très rarement le fruit du hasard, mais plutôt la récompense d'une approche réussie. Ayant à de nombreuse reprises tendu mes lignes sur ce genre de pièces d'eau, je vais donc tenter de vous faire part de mon expérience, en espérant que ceci vous évitera de commettre les erreurs qui m'ont coûté de flambants capots.
Les conditions de pêche sont très particulières sur ce genre de secteur. Comme partout, plusieurs critères sont à prendre compte afin de réussir.
En règle générale, les poissons n'ont jamais vu l'ombre d'un appât qu'un carpiste aurait pu leur proposer. Le plus dur sera donc de conditionner les poissons sur vos appâts, car, dans de nombreux cas, la nourriture naturelle est omniprésente, et les poissons ne sauront que faire de ce que vous allez leur offrir. La seule solution, pour prétendre les détourner de cette nourriture naturelle, qui leur apporte déjà tout ce dont ils ont besoin, ce sera d'entreprendre une campagne d'amorçage.
Les différentes graines peuvent être des esches de choix, et elles seront très rapidement acceptées. Le seul problème, c'est que les résultats escomptés pourront être irréguliers, car il est difficile de fixer réellement sur des graines des poissons vierges, qui de plus sont peu sélectives.
Afin de toucher du poisson régulièrement, un amorçage à moyen terme voire long terme à la bouillette peut être indispensable. Faute de temps, je me contente d'un amorçage d’une à deux semaines avant la session, donc à moyen terme, ce qui est déjà un bon début afin de s'assurer de résultats constants.
Bien entendu, plus cet amorçage sera long et régulier et plus il sera efficace. En effet passé un certain laps de temps (de 2 a 3 mois), les carpes finiront par bien accepter vos appâts, et ils représenteront une source de nourriture sûre. Sur ce point, des litres d'encre ont déjà coulé sur la mise en place d'un ALT, je ne pourrait donc pas prétendre vous apprendre plus sur ce type d'approche pour le moins très efficace dans ce cas de figure.
Il faudra vous adapter à l'abondance d'indésirables, et si possible en tirer partit , qui sont souvent très présents. Que ce soient poissons chats ou écrevisses (qui colonisent très facilement ce genre de biotope), avec une approche classique, ils auront tôt fait de ruiner tout espoir de départ, en rendant vos montages totalement inopérants.
Face aux chats, le fait de blinder vos bouillettes avec du filet prévu à cette effet, avec un bas en nylon ou de pêcher à la graine permet de se parer efficacement contre les hordes de moustachus.
Mais quand les écrevisses sont de la partie, on peut friser la crise de nerfs! En effet les fonds caillouteux et les éboulis rocheux présents dans une carrière sont de vrais élevages de homards comme celui ci !
Il m'est arrivé de tendre une canne dans 15 mètres d'eau, sur une tache de vase, avec deux noix tigrées jumbos, décollées de 20 centimètres grâce à un gros morceau de liège, et de la relever deux heures plus tard, pour ne retrouver qu'un bout de liège à moitié dévoré!
Parfois, qu'importe ce qu'il y a au bout de votre cheveu, pêcher à la goutte d'eau (même avec un cochonnet pour jouer à la pétanque n'est seulement qu'une question de temps. Cependant certaines astuces permettent "d'amuser" ce genre de broyeur ambulant un peu plus longtemps.
Mettez de coté vos stop bouillettes classiques, et optez plutôt pour un d'élastique de type roubaisien, habituellement employés pour contrer les rush de gros poissons avec une canne à emboîtement. Ils coûtent une misère lorsqu'ils sont vendus en petites palettes dévidoirs et constituent une parfaite butée, qui sera stable et discrète, en nouant un segment d'environ un centimètre sur la boucle de votre cheveu, avec un nœud de base doublé ou triplé. Ceci évite de se retrouver sans stop bouillette au bout de trois coups de pinces.
Les appâts carnés sont à éviter, comme ceux qui contiennent de la poudre de foie ou une forte proportion de farine de poisson. En effet, ce genre de produits est très apprécié des carpes, mais ils ont la fâcheuse tendance de surexciter les indésirables. Sans pour autant totalement les écarter, pêcher avec des appâts peu carnés ainsi qu'avec des appâts à tendance fruitée ou crémeuse sera, je pense, plus judicieux.
Les graines telles que maïs, lupin, arachide et autres noix tigrées seront elles aussi moins prises pour cible par les hordes de pinces.
Le fait de décoller un appât d'une dizaine de centimètres (voire plus) du fond le rendra plus difficile à atteindre par les écrevisses, et il sera donc moins vulnérable, même si parfois elles en arrivent quand même à bout.
Les bas de ligne souples, tels que ceux en tresse, sont a bannir, car ceux-ci seront vite pris à partie par le club de tricot du coin. Les cheveux en tresse fine ainsi que les montages de type "D-rig" utilisant un système de petit élastique pour la présentation de l'esche sont également à proscrire, étant particulièrement fragiles. Un bas de ligne en amnésia, en nylon, ou en stiff rig (je n'ai que peu d'affinité avec les fluoro carbone qui ne résistent pas longtemps face aux nombreux cailloux qui jonchent le fond) sera le meilleur moyen de pêcher efficacement le plus longtemps possible.
Malgré tout cela, il faut parfois savoir renoncer à pêcher certains éboulis rocheux ainsi que certaines bordures encombrés étant parfois réellement infestés d' écrevisses. Bien entendu, ce rassemblement de plateau de "fruit d'eau douce" attirera bien entendu notre cyprin favoris, friand de ce genre de plat, mais s’il vous est impossible de laisser une canne pêcher plus de trente minutes consécutives, mieux vaut placer vos montages dans le champ, derrière vous. Ceci atteint parfois un point qu'il est intéressant de se poser une question de nature existentielle : "Sont-ce les carpes qui mangent les écrevisses, ou bien l'inverse ?"
Afin de mettre toutes les chances de son coté, il convient tout d'abord d'avoir une connaissance solide de la topographie du fond. Pour ceci, ils vous faudra 'lire" le fond à l'aide d'un moulinet garni de tresse, d'un plomb et d'une canne, ou mieux avec un bateau et un échosondeur. Mais ceci, je ne peux pas le faire à votre place grâce à des mots écrits sur un écran.
Ce qui n'empêche pas de dire que vous retrouverez dans la majorité des cas des reliefs très ressemblants d'une carrière à l'autre.
Il est très fréquent que la majorité des pentes sur les bordures soient très abruptes, d'où le fait que la profondeur peut être importante et ceci seulement à quelques mètres devant vous. Les fonds sont parfois très irréguliers avec d'importants dénivelés. On peut retrouver les anciens chemins empruntés par les engins d'exploitation afin d'extraire les roches, formant de très longs hauts fonds, pouvant faire jusqu'à plusieurs centaines de mètres de long.
Il va sans dire que ces hauts fonds seront des postes de premier choix, où va s'accumuler la nourriture naturelle, parfois même un peu trop (écrevisses !).
Les avancées rocheuses sur une berge "uniforme" seront également d'excellents postes de bordure. La pente y est souvent beaucoup moins abrupte, et ce sont également des postes très régulièrement visités par les carpes, que ce soit durant la nuit ou durant la journée, si vous faites preuve de discrétion.
Pour finir, si vous avez l'opportunité de tendre vos cannes dans une carrière proche de votre domicile, ne soyez pas rebuté par le caractère peu accueillant, à avoir peu de végétation et des cailloux à perte de vue de celle-ci. Grâce à un peu de temps et d'observation, vous pourrez y capturer de magnifiques et parfois de très gros poissons à deux pas de chez vous.
Garychworth
Publié par Garychworth le 03-04-2005