Suivons la prêtresse
La pêche de la carpe est devenue au fil du temps un effet de mode, le nombre toujours plus grand d’adeptes a entraîné avec lui ses vices et ses problèmes.
Plus que la pêche elle-même, le résultat surpasse tout, encapsulé dans un cocon qui finit tôt ou tard par fondre comme neige au soleil, les trophées relèvent l’homme tel le champion revenant victorieux de son combat.
Cette fois ça y est il n’est plus un « petit » pêcheur, il a touché du beau poisson et si par chance il l’a fait dans un lieu mystérieux, plus rien ne vaut ses résultats.
Aveuglé par la gloire qui fait de lui quelqu’un, il en oublie l’amitié, le respect et la modestie.
Rien ne l’attire plus sinon l’ascension de l’aiguille de son peson vers les sommets, devenue prêtresse dans notre monde égoïste, elle ne peut s’empêcher d’infiltrer, d’infuser, de diluer les réelles valeurs de notre passion.
Contaminés les uns après les autres ils tombent ainsi dans cette léthargie de gloriole où le record personnel n’a de sens que s'il évince l’ami le plus proche, il faut épater, s’identifier et surtout rabaisser pour garder sa place au centre du panthéon.
Impossible alors de relever la tête et de voir clair dans cette boue nauséabonde, même si parfois quelques rayons de soleil transpercent cette vase pour illuminer le fond.
Il faut résister à cet ouragan qui convertit tout sur son passage, faire mur et mettre en place la résistance, l’organisation prend forme et les acteurs de demain se lèvent doucement de leur sommeil apaisant pour prendre les armes.
Plus secrets que les emplacements des tombes de pharaon, certains cachent jalousement les petits « trucs » qu’ils ont bien souvent appris eux-mêmes d’un ami ou par chance découvert dans une revue.
Il faut présumer qu’une malédiction plane sur cette passion, chaque homme qui permettra à son coéquipier de prendre du poisson sera lui-même frappé de capot jusqu'à la fin des temps.
Et bien entendu pour se protéger, il ne faut surtout pas divulguer la moindre information.
Oubliez c’est sottise, rompez le charme et reprenez votre honneur en main, la pêche est une passion, un sport, mais surtout un sport de détente ou avant tout nous nous devons de passer du bon temps.
Nous devons plaindre ces hommes qui isolés par leur égoïsme ne savent pas ce qu’est la joie de voir un ami battre son record.
Quoi que l’on dise et toutes les belles paroles du monde ne changeront pas cet état de fait, tant que les carpistes ne comprendront pas que même s'il faut se réjouir d’une belle prise tant par une robe spéciale qu’un poids respectable, car elles sont naturellement plus rares que les carpes dites normales qui sont plus jeunes, elles sont surtout et avant tout dues à la chance et à la probabilité.
La chance, simplement car rien ne vous dit qu’à coté de votre montage, il n'y avait pas 10 carpes de 3kg et une seule de 25kg, croyez-vous être devenu quelqu’un de différent parce que c’est la 25 kg qui a mordu ?
Et ensuite les probabilités car un carpiste qui passe 200 nuits au bord de l’eau, aura plus de chance qu’un carpiste qui en passe 3, cela va de soi et ne fait pas de notre carpiste occasionnel un mauvais pêcheur bien au contraire.
Alors s’il vous plaît, laissons l’orgueil, la vanité et l’égoïsme dans leur abysse où ils n’auraient jamais du en sortir et créons ensemble le carpisme de demain, qu’il reflète réellement ce pourquoi nous nous battons et ce pourquoi nous avons tous accroché à cette pêche.
Respect de la nature, du poisson, mais aussi respect de l’être humain, du voisin, du coéquipier arrêtons de jouer à qui pissera le plus loin, à ce jeu là tout le monde perd généralement.
J’espère par ces quelques lignes vous avoir interloqué, heurté, choqué peut-être, afin que vous réfléchissiez sur les vraies valeurs de notre passion et qu’en votre âme et conscience vous définissiez ce qui compte le plus pour vous, une belle session entre amis ou un exode seul afin de préserver votre poste et vos secrets.
Publié par Capou le 19-12-2005