Le soleil est perché haut dans le ciel
Nous assaillant de tout son rayonnement
Le bon, comme le mauvais
Au bord du lac, les arbres sont pris d’assaut
Eux seuls sont capables de nous apporter un peu de fraîcheur
Et pourtant ils sont secs, très secs
Tout comme les fourrés qui nous entourent
De cet endroit se dégage une chaleur suffocante
L’eau est proche de l’ébullition
Soudain, le paysage semble ne plus s’étendre à perte de vue
Un gros nuage sombre, ténébreux fait écran
Cette fumée noircit très rapidement
Sous elle, c’est l’enfer
Des milliers d’animaux tentent, en vain
D’échapper à ce destin forcé
Les Hommes ont encore frappé
Les ? oui LES !
Même si seul un individu est auteur de ces actes atroces
TOUS les Hommes sont responsables
Certain blessent intérieurement
D’autres détruisent physiquement
Et anéantissent des dizaines d’années d’efforts et de sacrifices
Avec une simple étincelle
Où est le plaisir ? Démence ?
Nul ne le saura jamais
Seuls les Hommes détruisent gratuitement
Seuls les Hommes s’entre-tuent
Mais c’est la société qui veut ça
Elle qui nous saoule tous les jours avec ses valeurs débiles
La possession et le pouvoir
Ne devenons pas tyranniques
Nous ne sommes ici que pour une vie
Pourquoi la gâcher ?
Pourquoi gâcher celle de ceux qui nous la prêtent ?
Maintenant, les feuilles volent
Noires, petites et fragiles
Elles s’échouent dans les eaux du grand bleu
Avant de s’étendre et de mourir à sa surface
De l’autre côté, les camions de pompiers entament leur course folle
En direction du massif des Maures
Massif des Maures ou massif des Morts ?
Un, puis deux, puis trois
Vingt-sept camions auront emprunté la route du bras Sud
En l’espace de quelques secondes
Cette soirée de juillet
Autrefois elle-même brasier
Et les autres ?
Ils doivent être des centaines sur le front
A combattre avec sueur, avec frayeur, avec terreur
Se demandant si cette seconde n’est pas leur dernière
Voyant défiler toute leur vie derrière l’écran de leurs yeux
Les premiers pas de leurs enfants, leur mariage
Bref, tout ce qu’ils ne verront peut-être plus jamais
Un bourdonnement perce le ciel
Un bel oiseau jaune amorce sa descente
Frôlant le grand pont, carrefour des trois bras mythiques
Il slalome habillement entre les collines du bras Nord
Avant de lui voler quelques galons
De « la table », avec nos jumelles serrées par l’étau humide de nos doigts tremblants
Nous pouvons voir le pilote
Vaillament, il frôle la cime des arbres
La pente est difficile à remonter
La pente est toujours difficile à remonter
Et il s’en va vers le brasier
Il tournoie quelques instants au-dessus de sa cible
Respire une profonde bouffée d’air frais
Puis amorce son piqué, dans la fumée, à ras des flammes
Dont il peut ressentir la chaleur intense
Ses trappes s’ouvrent
Libérant ce qui est censé alléger la tâche des soldats au sol
Mais l’incendie est loin d’être combattu
Pendant des mois encore il consumera cette région magnifique
Attristant ses occupants
Décimant des hommes, des femmes, des animaux
Faisant revivre un cauchemar à ceux qui étaient déjà là dans les années quatre-vingt
Cette fois, Saint-Cassien a eut chaud
Osons espérer qu’il n’y aura pas de prochaine fois.