Et au milieu coule une rivière
Gilles
Petit flash back ! Nous sommes mi-juin de l’an dernier, les vacances arrivent à grands coups de nageoires et c’est bientôt au bord de l’eau, derrière ma batterie, que je pourrai rêver et non assis sur un banc derrière ma feuille d’examen. Début de saison, Jean-Phi (avec qui je communique depuis quelque temps par mails) m’a fait part de son déménagement géographiquement très différent. Partir de Paname pour se retrouver au «pays» de Brassens c’est un sacré changement de vie ! C’est bien cap vers le sud, et plus précisément dans le Languedoc Roussillon, ici dans le 11 que Jean-Phi trempera dès à présent ses montages. Alors gare à vous les carpes sudistes, la sieste et les pauses Ricard c’est fini !

Habitant en Belgique mais connaissant la région Midi-Pyrénées depuis quelques années maintenant, j’avais déjà pu jouer le détective. Au fil des discussions, nous partageons indices et pistes pour, ensemble, avancer dans cette (en)quête à la recherche de la tache bleue où il serait agréable de passer un bon moment cet été. Etant tous deux fanatiques des eaux vives pour leur cadre, leurs biotopes et l’atmosphère s’y trouvant à chaque fois, c’est sur ces dernières que nous porterons notre attention.

Après ces quelques échanges qui ne restaient après tout que des échanges virtuels( nous nous étions jamais vus), il s’est malgré tout passé un petit « quelque chose ». Du fait de notre vision éthique de la pêche à la carpe qui est assez similaire, et en raison du degré (assez hardcore) auquel nous sommes amoureux et accrochés à ce poisson, le contact a de suite pu s’établir ! L’amitié, la confiance, le respect, … toutes ces vraies valeurs autrefois dominantes dans le monde carpe étaient à nouveau réunies (et oui, aujourd’hui c’est plutôt rare de tels échanges ; comment avons-nous fait pour en arriver là… Aurions-nous oublié que le partage est plus qu'important?) et ce malgré les 1200 Kms de bitume qui nous séparent !


travailler en equipe ca paie



Jean-Phi
Après quelques MP (Message Privé) échangés avec Gilles, j'ai appris à connaître ce p'tit bonhomme. De nature curieux, il me fallait identifier le caractère, l'état d'esprit de ce Belge exilé en France pour ses vacances, pour définir quel serait le terrain de jeu le plus propice à cette rencontre inoubliable. Finalement je me suis vite rendu compte que si sa taille était proportionnelle à son book (qualité de ses papiers, de ses clichés, de ses poissons), à sa « roots attitude » et à sa bonne humeur ce p'tit gars mesurerait au moins trois mètres de haut... C'est donc avec plaisir que je lui ferai découvrir le meilleur de mes postes de ce début de saison sur l'Hérault...

Action…Vendredi, 17h je viens de finir ma semaine de boulot assez fatigante mais suis remonté à bloc moralement pour faire du « bloc » hihi. La voiture est bien évidemment déjà chargée et c'est avec un grand sourire que je me dirige vers la sortie de l'autoroute, point de notre rendez-vous. Le break arrive et je fais enfin la connaissance de Gilles et de sa maman. Pas trop le temps de discuter, nous transférons ses affaires dans mon break (décidemment voiture officielle du carpiste...) et c'est après trois quarts d'heure d'embouteillages (Gilles: «aah ces touristes!!! pffff» héhé) que nous arrivons à l'ombre des platanes avoisinant l'Hérault. C'est en gonflant le zod que j'explique les différents trucs et astuces de ce poste à Gilles et c'est à trois cannes chacun que nous pêcherons ces différents hot spot. Gilles choisit le côté droit où à ras de la berge d'en face nous avons un ponton noyé, plus loin un arbre mort surplombant un fond dur et sur notre berge un fond dur en extrême bordure... Je choisirai quant à moi le côté gauche que je connais comme le fond de ma poche et qui m'a rapporté quelques beaux poissons plusieurs mois auparavant. Mes cannes seront eschées exclusivement d'hybrides flottantes véritables drogues pour elles comme pour moi...
Les pièges placés nous montons le campement et papotons... pêche bien sûr héhé, de vrais petits papis. Tout y passe: les sites, les appâts, les coins de pêche, les mags ... bref après quelques heures nous passons aux choses sérieuses: « la victuaille! »
«Qu'est ce qu'on mange Gilles ?»
«-Ben qu'est ce qu'on a ….. Des frites héhé ?»
«Ahahah...les hamburgers façon Jean Phi (que certains amis connaissent déjà bien) ça te tente?»
«-Ah ça je ne peux qu’accepter !!!»


Gilles: 2 nuits plus tard sur un lac de barrage, voilà ce qui se trouve dans ma poele, merci Jean-phi!



Gilles
Merci pour ces compliments l’ami ! J’ai oublié de le préciser mais vous avez sûrement du vous en rendre compte, Jean-Phi aussi a des talents cachés dont un qui tombe à pic ! Une poele, un réchaud, et c’est parti mon kiki. C’est une des rares fois où j’ai fait bonne chère à la pêche et je t’en remercie encore! C’était le grand luxe! Mais passons à la suite, on a assez parlé de luxe et de bouffe même si quoi qu’on dise c’est toujours aussi agréable.

Avant d’aller plus loin, j’aimerais vous faire part de mes sensations. De ce qui m’a traversé le corps et l’esprit au moment même où je me suis retrouvé devant ce nouveau terrain de chasse! Comme à chaque nouvelle partie de traque, je ressens un petit quelque chose. Ce petit quelque chose, communément appelé sensation ! Malheureusement ou heureusement (à vous de choisir) il est impossible de transcrire avec exactitude ce que l’on ressent ! Les mots ne me manquent pas, c’est tout simplement que pour moi, ils n’existent pas ! Alors, je préfère ne pas décrire cette « agréable sensation, sentiment » si souvent ressentie au niveau de mon estomac, de mes tripes ! On pourrait comparer ce genre de « chose » à une drogue et ses effets , mais impossible d’affirmer réellement grammaticalement ce qu’il en est. Le mystère est garder secret dans nos organes sensoriels, et tant mieux !

Vous l’avez compris, je suis sous le charme ! Tout est absolument parfait ! De plus tous les facteurs sont réunis pour que nous passions un week-end inoubliable. Le cadre est absolument génial, la rivière me plaît vraiment! Et rien ne pourra nous arrêter, même les mosquitos (en plus ils ne lâchent pas l’affaire) qui apparemment aiment le sang belge.

Dès à présent on ne peut rien exiger de plus, quoi qu'un petit départ ne ferait pas de mal ; mais ça ne devrait pas tarder! Enfin on l’espère... Nous sommes confiants à 200 %. Le courant passe bien sur cette rivière, elle a son charme et même si je l’imaginais autrement, ça n’a de toutes façons aucune importance étant donné que la réalité dépasse le rêve, c’est plutôt rare mais comme quoi ça arrive… Alors profitons en à fond! Morphée, tu attendras!

Au loin, un clocher nous signale qu’il est déjà minuit, la nuit est maintenant bien tombée et nous avons déjà eu l’immense plaisir de faire la rencontre d’une torpille héraultaise !
Ce premier poisson, jolie petite « wildie » pure souche nous a permis de doubler la dose de confiance présente dans nos veines, mais nous restons prudents et au taquet, comme dirait Jean-Phi, héhé. Le combat fut rapidement remporté ; à deux contre un j’avoue que ce n’est pas très équitable, mais on n'y peut strictement rien, ça fait partie du jeu.
La complicité est une valeur et elle fait partie intégrante de notre pêche. A chaque session la complicité règne si ce n’est pas avec un co-équipier, c’est avec la carpe qu’on passe un bon moment, et quand cette coquine se fait désirer, la nature est toujours là,elle! Elle ne nous laisse jamais tomber, alors de grâce, par pur et simple respect envers elle et envers vous-même, ne la laissez pas tomber à votre tour!


De l'or en barre ces torpilles



Jean-Phi
Exact, merci mecton pour ce rappel essentiel que certains oublient trop souvent. Mais revenons-en à nos déesses héraultaises pour l’instant. Après que Gilles ait relâché sa torpille typique de rivière et que nous nous dirigions tout droit vers les bras de Morphée, je lui sors comme à chacun de mes compagnons de pêche le célèbre dicton : « Bon ben à tout de suite alors!». Dicton qui sert aussi de grigri (un parmi beaucoup d’autres) mais qui cette fois n’a malheureusement pas fonctionné puisque le reste de la nuit a été aussi tranquille qu’un match de l’Olympique de Marseille avec Cissé devant…
C’est avec bonheur que nous nous réveillons avec le chant des oiseaux transportés par la douceur du vent marin qui se lève. Les petits pains et autres gâteaux sont dévorés en guise de petit déjeuner comme nos frolics par la blanchaille très active sur le poste. Le replacement des lignes est effectué avec la précision digne d’un horloger. Hybrides flottantes pour moi, et tricheurs composés d’une bille de 16 mm et de deux cacahuètes par exemple pour Gilles. D’ailleurs cet appât qui m’a paru plutôt incongru à la base, s’est vite avéré payant puisque Gilles touche sa deuxième commune en fin de matinée. La gourmande n’a pas pu résister à ce piège de roublard ! Ce poisson, comme tous les autres d’ailleurs, malgré son poids modeste, est d’une beauté rare… Une ligne élancée, une robe majestueusement colorée et une bouche pulpeuse que même Angélina Jolie n’arriverait pas à concurrencer. La beautée est photographiée sous tous les angles avant de la remettre dans son milieu naturel.


Le piège de roublard



Cette session se déroule vraiment de la plus belle des manières et notre rencontre est en train de passer de l’état virtuel à l’état d’amitié réelle. Alors que nous rigolons et racontons toutes nos anecdotes délirantes de pêche depuis ces dernières années, une nouvelle est en train de se produire sans que nous nous en rendions compte pour le moment. Effectivement, alors que nous sommes allongé tranquillement dans l’herbe « aux culs des cannes », un groupe de personnes composé d’un couple et de deux enfants se mettent devant nous et gesticulent sans même nous remarquer. Le mari dit à sa femme : «Ouais ça ira bien ici ! On coupera quelques branches des arbres en bordure et ça devrait passer». Je regarde Gilles d’un air étonné et engage la conversation :
« Euhhh bonjour ! »
« Oui ?!? » me répond ce brave homme,
« Je peux vous aider ?!? »
« Non c’est bon, on arrive tout à l’heure avec la péniche sur ce poste, ça sera nickel ! »
« Euhhh mais on pêche là ! Vous ne pouvez pas attendre demain après-midi qu’on ne soit plus là ? »
« Mais il y a largement la place! »
Malheureusement ce qu’il n’avait pas compris c’est que les plombs ne sont pas situés à l’horizontale des bannières et que même si le fil s’arrête à 5 mètres du bord, il va beaucoup plus loin.
Il rajouta d’un air supérieur :« C’est une péniche de plus 40 mètres de long quand même ! »
« Je comprend bien mais les cannes sont beaucoup plus loin que vous ne le pensez. Nous sommes tous deux usagers de ce fleuve alors essayons de trouver un arrangement. »
Et après de longues minutes de négociations, il s’avérera que cette petite famille ne viendra que le lendemain dès notre départ. Soulagés par cette bonne nouvelle, nous les remercions plusieurs fois. Et alors que nous nous croyions avec Gilles enfin tranquilles et seuls pour profiter de la nature, l’homme se met à débiter des phrases étonnantes et ridicules à mourir de rire. Je vous passe les : « Moi je sais ! » « Moi je connais bien la pêche »etc, parce que ça serait certainement trop long mais celle qui m’a le plus fait rigoler ( non non je ne me moque pas ! euhhh si peut être un peu alors ) c’est le : « attention ! Moi je connais le président de la pêche !». Et en demandant bien entendu des précisions il s’y connaissait autant à la pêche que Phillippe Risoli à la chanson! « Elles sont cuitas les bananas!». Bon bref, une fois le calme revenu et après un bon fou rire nous admirons le coucher de soleil sur l’Hérault qui est devenu une mer d’huile. C’est splendide et encore plus splendide la canne du p’tit Belge sur la berge d’en face déroule violemment ! Décidemment je suis en train de me prendre une sacrée leçon ! Le poisson est travaillé dans la plus grande délicatesse malgré ces rushs surpuissants. La belle entrevoit enfin le triangle magique et le travail d’équipe remporte encore une fois la victoire !


le top !



Je suis aux anges puisque mon principal souci pour cette session était que mon ami Belge touche du poisson, mais vu sa précision méticuleuse ne laissant passer aucun détail je ne me faisais pas de soucis ! La soirée est encore rythmée par des anecdotes mais cette fois ci la charmante Morphée nous rappellera à l’ordre très vite et nous accordera un repos bien mérité mais quand même court puisque Gillou enregistre un nouveau départ sur sa canne en extrême bordure. Je pense que ses bras s’en rappellent encore tellement la puissance de ce poisson était extraordinaire ! Et en voyant arriver la bête de plus d’un mètre avec une nageoire digne d’un requin c’est normal. Admirez cette torpille héraultaise ! Du pur bonheur !


1m10 de bonheur!



Nous apprécions notre dernier repas de midi et cette après midi ensoleillée avec nostalgie et tristesse de devoir la quitter dans quelques heures. Mais une déesse à la ligne aussi élancée que celle d’Adriana Karembeu vient me dire au revoir et à très bientôt sur ces berges de ce fleuve magique !

Alors que nous plions plutôt blasés, nous voyons arriver la péniche de la petite famille de la veille! Un nouveau fou rire vient conclure cette nouvelle page d’amitié puisque la pénichette accuse faiblement la taille d’une canne au coup de compétition ! Bref je pense qu’on a retrouvé l’Homme qui a capturé la sardine géante qui a bouché le port de Marseille ! Nous partons très vite avant de mourir asphyxié par les nuages noirs que laisse échapper le vieux bateau !


une recompense toute en longueur



C’est donc avec un sentiment partagé à la fois de grande joie, de bonheur mais de tristesse et de nostalgie de se quitter si vite, que nous concluons ce week-end qui restera d’ores et déjà gravé dans nos mémoires ! Une petite histoire partie d’un mail échangé furtivement sur un site de pêche et qui se transforme en grande amitié ! Je vous souhaite d’avoir la chance de vivre cette expérience enrichissante où les mots partage, respect et convivialité sont gravés du début à la fin ! Content de te connaître mon ami, et vivement cet été qu’on se retrouve au bord d’un grand lac cette fois !

Gilles
Plus que 2 mois, et on y est déjà ! J’espère, mais je n’en doute pas qu’on s’amusera tout autant qu’il y a bientôt 1 an ! Merci encore à toi l’ami (oooooooooh le dossierrrrrrrrrr !!!) Vivement cet été et qui sait, peut être à nouveau un petit papier !


Tchusss



Publié par Gilles le 11-05-2007
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