Le paradis vert
Je scrute ce lieu quasi mystique d’où se dégage un "je ne sais quoi" d’indescriptible, un esprit hante ces lieux m’a t-on dit !!! L’esprit du marais vous envoûte et vous entraîne au plus profond de vos pensées secrètes au fin fond du subconscient là où sont ancrées vos pulsions et ensevelis vos secrets les plus intimes…


Magie et envoûtement



Remise en question ou remise à zéro ?

Effectivement un séjour la bàs reste ancré dans votre cortex, le calme céleste vous amène à une quasi méditation car le poisson y est bien présent et de fort bel acabit, mais se mérite bien plus qu’ailleurs et il n’a qu’un seul et unique maître qui dicte sa conduite aucun appât, aucune approche ou stratégie fusse-t’elle des plus élaborées ne semble pouvoir décider le poisson à se montrer au creux de l’épuisette pour tâter le moelleux de notre tapis.

Peu lui importe Mainline, Nutra, Fun, il n’a qu'à ouvrir la bouche pour se nourrir car la démographie naturelle est plus que galopante que le lac en saigne… Souffre t’il? J’en doute mais notre moral lui subit mille outrages et une question lancinante revient à la charge et nous martelle sans cesse :

Comment ????

Peut-on tromper un adversaire qui connaît son terrain de jeu comme sa poche et qui s’y déplace de façon anarchique et qui plus est en se montrant de manière sporadique ??? Certes cela se peut , notre adversaire peut aussi commettre une erreur, mais bien souvent les détails font la différence, le poisson n’en a que faire si vous lui offrez une montagne d’appât ou si vous êtes chiche en ne lui offrant que ce que le creux de votre main peut accueillir




Le chercher le harceler d’accord mais pour le harceler faut d’abord le trouver la question se pose où chercher ? Votre allié vous tape alors sur l’épaule, et vous propose une partie de sondage… ou une partie d’échec… réellement passionnant surtout en terrain inconnu laissez vous tenter et vous serez surpris des découvertes qu’engendre ce « temps perdu » certes mais gagner du temps à en perdre c’est troublant vous trouvez pas ?

Le plomb perce à maintes reprises le crystal de surface à la recherche de découvertes abyssalles, un haut fond ? une marche ? une cassure ? rien de tout cela du mou du mou et encore du mou !!!! O rage O espoir déchu fais-moi un signe… Je lance mon va tout et mon plomb rase un arbuste en bordure prometteuse les branches rasantes pourrait offrir un bien bel habitat à une belle ?

Sous ces branches y a l’enfer ? Non juste une chaussée qui semble se prolonger vers le chemin du purgatoire qui mène au cœur de la fôret, ou la valse de ses habitants vous berce lors du crépuscule, les chouettes vous chantent leur sérénade au milieu d’un ciel illuminé de mille feux qui vous emmènent très haut dans le ciel où des milliards d’étoiles se côtoient pour nous laisser admirer la chute de plusieurs d’entre elles qui comme nos espoirs s’envolent en poussières…


Campement de base



L’ambiance est surréaliste durant ces nuits noires, on apprend le son d’un murmure on en oublie pourquoi on est là et une chose importe ne pas être dérangé, on écoute ces bruits comme on se délecte d’une symphonie on ne veut pas que ça s’arrête, on profite de chaque seconde comme si c’était la dernière…

Au feu… le soleil darde ses premiers rayons sur la surface noire et réveille l’esprit du marais qui s’embrase immédiatement, le vent tente de disperser les fumées matinales qui n’en ont cure et continuent leur chassé croisé voluptueux entre l’ombre et la lumière.

Rien d’étranger n’est venu troubler cette nuit divine, pas même une brême, quel déception moi Bremevador je suis battu par le maître des lieux dans une pêche où j’excelle habituellement…L’essentiel est ailleurs effectivement…


La magie de l'aube naissante



Toute la nuit je l’ai entendu, il ne devait pas être loin de moi dans la fôret probablement entre les bruissement et les craquements …Il est venu rôder autour de moi pour tenter de s’emparer de mon âme ! Laissant derrière lui un halo brumeux matinal vite chassé par le soleil qui déjà réchauffe nos corps engourdis par la moiteur nocturne…

J’extirpe ma carcasse de mon camp retranché et m’étire à n’en plus finir comme le bleu du ciel j’aimerais que ce sentiment de plénitude reste figé sans nuages, je m’en vais en quête d’un bon café et d’un je ne sais quoi à grignoter oh pas de grand festin certes, rien de gargantuesque juste de quoi recharger les batteries pour pouvoir passer au delà de l’aspect psychologique du défi de cette équation à inconnues que nos deux cerveaux en ébullition tentent vainement de résoudre…

C’est pourtant simple, si simple, car nous croyons maîtriser deux inconnues !

Le montage et l’appât bien sûr mais hélas trois fois hélas ce serait trop facile car une autre enigme se profile et elle complique et rend parfois inopérant ce que nous croyons maîtriser et c’est un des éléments capital j’ai nommé la localisation qui regroupe le bon moment et le bon endroit une vraie loterie en fin de compte…

Mais on a beau avoir une demi solution, il faut sans cesse se remettre à table pour tenter de percer le mystère, et tenter d’élucider ce mystère qui hante les lieux avec ses carpes fantomatiques et surtout énigmatiques car seul leur instinct les guide et repousse très loin les limites de nos stratégies et tactiques de pêche conventionelles qui ici doivent plus s’apparenter à une traque qu’à une attente qui est toute façon vouée à l’échec car le poisson bouge sans arrêt comme ce petit martin pêcheur qui plonge sans relâche avec une discrétion incroyable à la recherche de sa pitance…


Fais moi un signe...



Les bulles des fouilles pétillent comme du champagne, mais aucun des pêcheurs au blanc n'arrive à toucher de belles gluantes qui s’activent sur nos coups comme le brochet qui a failli happer ce gardonneau ferré, moment de pure nature, saisissant et impressionnant et qui prouve que le poisson ne réagit à aucune règle extérieure…

Je profite de la désertion des lieux pour passer au peigne fin la zone à ma gauche, et tente de trouver un quelque chose qui me mettrait la puce (d’eau) à l’oreille, le seul détail qui me turlupine c’est que je ramène des vers de vase en raclant la bordure, ce qui n’est pas étonnant vu la clémence du temps avec un grand soleil qui a produit une belle éclosion de larves dont les poissons se gavent sans efforts et délaissent par la même occasion nos appâts en tout genre…

La prospection continue inlassablement, je finis par trouver en bordure extrême ce que je pense être du sable les résidus sur le plomb semblent confirmer mes dires la place a été occupée durant la journée par des pêcheurs au coup ce qui me laisse l’espoir que le spot pourra être visité par une imprudente dont la méfiance exacérbée aura été endormie par la concurence alimentaire…

Le montage est posé au millimètre sur cette minuscule tache, minuscule comme la probabilité d’une visite nocturne de notre cher cyprin, mais visite il y aura mais pas comme espéré, ce qui éveillera la méfiance de mon comparse sur ses gardes, moi j’écoutais les bruits de la fôret… et soudain la vibration de la centrale me ramène à la réalité, j’ouvre mon sac, ca vibre encore… mais les présentations sont déjà faites, il ne s’agit pas d’une brème cette fois, l’explosion en surface me le confirme et je me saisis rapidement de l’épuisette et emmaillote un superbe amour, une sensation étrange m’envahit alors, je me sens alors privilégié car le lac nous a offert un des ses joyaux…

La fin de nuit sera trop calme malgré notre application à vouloir déjouer les habitantes de ce sanctuaire, il n’est pas revenu cette nuit, entre les ragondins de la bordure qui se sont activés toute la nuit et les chasses des buses, l'esprit ne s'est pas manifesté cette nuit... mais il m'a laissé une trace...


No comment...



L’astre solaire me démontre encore une fois la beauté de son lever, le mien sera nettement moins majestueux et avec une certaine amertume, je me résouds tant bien que mal à ranger mon matériel « ultra light » qui me vaudra par la suite un bon resto…

Le résultat? Un capot ? Certes mais il est de ceux qui apprennent nettement plus que quelques cartons mémorables surtout s’il est suivi d’une remise en question profonde, critique et bien ciblée…

Je ferme mon coffre et nous voilà parti pour une petite dégustation sublime d’une grande simplicité, mon compagnon a réel talent culinaire, je me délecte et dois me résoudre à contre cœur à quitter les lieux, les pieds lourds, mais le cœur léger, mais toujours avec le sentiment du devoir accompli…

La route est longue et le retour pénible à peine parti ce lieu me hante déja et l’envie de faire un 180 et d’y retourner me hante durant des kilometres, il m’avait pourtant prévenu, le mal est fait, le venin coule en moi je suis possédé à jamais par l’esprit du marais…
Publié par Carpvador le 13-01-2008
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