La dissolution contrôlée des pellets en amorçage
Issu des recherches en matière d’aquaculture le « pellet » est aujourd’hui un appât en plein boum en Belgique. Mais il était depuis le milieu des années 90 en pleine évolution outre-manche. Depuis il n’a pas cessé de progresser tout au long de ces dernières années en répondant bien à certains de nos besoins en matière d’appâts.
Le succès du pellet haute performance réalisé à partir d’ingrédients frais, nutritifs, digestes et hyper attractifs tant en eschage qu’en amorçage n’a cessé de grandir pour plusieurs raisons.
Il est efficace, relativement bon marché suivant les quantités acquises (du moins dans certaines marques !!!) pour permettre un amorçage suffisant, il est complet dans une palette de différentes variétés, il est prêt à l’emploi, il se stocke très facilement (en fût hermétique), on le trouve dans toute une série de diamètres et de goûts et on peut l’incorporer très facilement (entier ou en farine) dans nos amorces et dans nos mixes. Il a surtout, suivant les diamètres disponibles, des temps de dissolution différents.


Baby Corn : temps de dissolution rapide


C’est sur ces bases que je suis parti pour peaufiner une idée d’amorçage qui m’est venue lorsque durant une sortie de pêche en lac et en attendant la touche, j’avais mis à l’eau une poignée de maïs-pellets pour contrôler son temps de dissolution.
Ce qui m’a tout d’abord frappé au départ ce sont trois choses:
1. le peu de temps qu’il a fallu au Baby Corn pour se diluer complètement (+/- 30 minutes)
2. l’importance en surface de la tache colorée qu’ils avaient créée sur le fond
3. le grand nuage de particules en suspension que j’ai provoqué en agitant l’eau doucement avec mes doigts.

Fort de ce constat je me suis dit qu’il fallait creuser cette idée plus profondément et j’ai commencé à arpenter les rayons des magasins de pêche pour voir ce qu’ils avaient comme sortes de pellets dans leur assortiment. Je n’ai pas été déçu car des sortes j’en ai trouvé dans beaucoup de diamètres, dans des conditionnements différents, dans de nombreuses marques et de tous les prix.
Mais premier constat : il n’y avait finalement très peu ou rien d’inscrit sur les emballages, sur le temps de dissolution du moins sur les produits de certaines marques, ou alors il y avait des inscriptions donnant des temps de dissolution donnés en court, moyen et long terme. Mais en temps réel que signifiaient - ils réellement ?

A l’aide de verres à whisky j’ai commencé à la maison par comparer les temps de dissolution des pellets que j’avais ramenés et ce dans une fourchette de 3 à 25 mm.


Contrôle du temps de dissolution


De comparaisons en comparaisons et d’essais en essais j’en suis venu rapidement à la même conclusion que j’avais lue dans le catalogue 2006/7 de BC, qu’en alternant les couches successives de pellets de différents diamètres (et de goûts différents) il y avait moyen d’obtenir une « dissolution contrôlée du pellet en amorçage », et ce du court terme (+/- une demi-heure) au long terme (plus de 24 hrs).

Fort de mes « essais de laboratoire » il me restait 6 sortes de pellets (à prix abordable, que je savais efficaces pour les avoir essayés en pêche au coup) :

. 1 Maïs Pellets (avec une dissolution complète de +/- 30 minutes)
. 2 Carps Pellets fruités (Maïs fraise-Maïs banane) en 8mm (dc de +/- 4 Hrs)
. 2 Bétaïne Pellets en 4,5 et 16mm (dc de +/- 6 Hrs pour le 4,5 mm, et plus de 24 Hrs pour le 16 mm )
. 1 Carp Ring Pellets en 16 mm (dc de +/- 12 Hrs)


L'assiette gourmet


Restait maintenant a déterminer l’endroit où j’allais pouvoir essayer mes 6 sortes de pellets en couches successives et ce, en toute tranquillité.
Les pollutions catastrophiques à répétitions que nous avons subies ces derniers temps en Basse-Meuse Liégeoise m’ayant forcé à changer mon territoire de pêche, j’ai finalement décidé de faire mes tests dans un grand lac de barrage de l’Est, celui de Bütgenbach pour ne pas le citer, et ce pour deux raisons :

1 . La très grande variété de fond et de profondeur que l’on y trouve ( plus de 23 m à certains endroits !)

2 . La possibilité que j’avais de pouvoir utiliser mon « Anatec catamaran » pour déposer d’un coup et en une fois tout mon amorçage en couches successives là où je voulais et ce, avec une très grande précision.

Après toute une série de tests sur le lac qui n’ont fait que me confirmer le très bon potentiel efficacité de cet amorçage varié en multi-couches tout du moins en pêche de jour, j’ai voulu en savoir un peu plus en le mettant à l’épreuve sur une pêche de plus longue durée.

Comme vous le savez la PDN est malheureusement interdite sur le lac de Bütgenbach, mais il y avait du 26 au 28 septembre dernier, un marathon carpe en duo organisé par la LRPPE ( Ligue Royale de Propagande des Pêcheurs de l’Est ) qui me permettait de pouvoir faire un essai très complet sur un 48 hrs d’affilée.


Tout sauf un billard...


Avec mon épouse comme équipière j’ai participé à ce marathon en pratiquant l’amorçage en multi-couches en garnissant le bac d’amorçage de mon Anatec de la façon suivante :

. une couche composée de Bétaïne Pellets de 16 mm
. une couche composée de Carp Ring Pellets de 16 mm
. une couche composée de Bétaïne Pellets de 4,5 mm
. une couche composée d’un mélange Carps Pellets Fruités (banane-fraise) de 8 mm «boostée »
(pour laisser des traces gustatives dans les différentes couches d’eau traversées)
. une couche composée de Maïs Pellets de 8 mm
. deux poignées de bouillettes (utilisées au cheveu et au fil soluble) terminant finalement l’amorçage à larguer.



Le total des 6 couches faisant dans le baitboat une hauteur de +/- 10 cms soit à peu près un bac d’amorçage (par ligne pêchante).

En pêchant en différentes présentations (fond, équilibrée, pop-up) avec les Ring pellets, Bétaïne pellets de 16 mm et les bouillettes « maison » en eschage et en amorçant les abords immédiats du fond de la rivière alimentant le lac, nous sommes parvenus avec ce fond d’amorçage à un bon résultat puisque sur les trois jours et les deux nuits de pêche nous avons capturé en tout 11 carpes pour un poids total de 56,400 kg. Confirmant en tous points les très bons résultats que j’avais obtenus lors de mes tests.

Je pense que raisonnablement et compte-tenu du cheptel présent dans le lac, c’est fort encourageant pour la suite, mais que cette « méthode d’amorçage » très déroutante pour le poisson doit de toute évidence être testée sur une plus longue période avec tout l’arsenal de moyens d’amorçage dont nous disposons et sur tous les types d’eau que l’on peut rencontrer.

De plus, le principe « des couches successives de pellets » n’est absolument pas rigoureux. On peut très bien y adjoindre en complément une couche de plusieurs sortes de graines attractives (maïs, chanvre, tiger nuts, …). Le tout étant de garder une dissolution très variée de pellets (en diamètre et en goût) qui soit bien étagée dans le temps et suffisante pour qu’il y ait sur le fond suffisamment de particules dissoutes pour qu’au moindre mouvement d’eau (mouvement de poissons, ou courant d’eau) elles se mettent en suspension créant de ce fait, un « nuage de particules très attractifs » qui va alerter le sens gustatif de tous les poissons aux alentours.
Si les carpes ne sont pas directement présentes sur le coup, c’est l’hyper - activité alimentaire provoquée par la « blanchaille » qui les alertera, et croyez-moi, si elles sont présentes dans les parages des endroits que vous aurez repérés et amorcés, elles auront vite fait de « faire le ménage » (si elles dominent !) pour s’imposer sur le coup amorcé.

Petit truc a faire : afin d’avoir une « certaine idée » de l’état d’avancement de la dissolution de vos pellets, mettez tremper quelques exemplaires de vos pellets d’amorçage en bordure, ou dans un récipient avec l’eau du lieu pêché.

Cette méthode d’amorçage n‘est évidemment pas le remède universel contre les capots que l’on peut faire, elle ne vous exemptera pas non plus de toujours faire avant son emploi l’indispensable localisation du poisson, mais c‘est en tous cas une alternative relativement bon marché qui vous permettra de vous démarquer des autres coups.

Si de votre côté vous avez déjà testé bien avant moi ce type d’amorçage et sur d’autres types d’eau, soyez généreux faites-le nous savoir. Nous partagerons en toute amitié, nos idées, nos expériences et nous avancerons « tous ensemble ».



Bien à vous

Ferny

Publié par Ferny le 16-02-2009
Créé par Actorielweb