Quand l’hiver s'installe !
Introduction.
Novembre est assez souvent un mois déroutant pour la pêche à la carpe, les pluies froides, le vent du nord…..grrrrrrrrr. Les poissons ne sont pas encore habitués au froid, du moins dans les régions de plaines. Les feuilles, fraîchement tombées, n'ont pas encore eu le temps de pourrir et encombrent aussi bien le fond des étangs que le bord des rivières, que seule une crue viendra laver.
On entre aussi dans les journées plus courtes. Pour vous rendre au bord de l'eau, les heures d'ensoleillement maximum sont préférables. Le soleil règle l'activité des poissons, il n'est pas rare de voir quelques carpes marsouiner dans un endroit calme et bien exposé. Les mois de novembre à mars sont souvent dominés par les frimas hivernaux, ce qui ne signifie en rien qu'il faille délaisser la pêche.
Dans la mesure où rivières, canaux et petits étangs ensoleillés ne sont pas pris par la glace, il est tout à fait possible de réussir une belle sortie. Certes l'espoir de piquer un gros poisson est très faible, étant donné que la quasi-majorité des poissons actifs en période hivernale, sont de taille modeste. Mais, le plaisir est d'autant plus fort, que valorisant, de présenter une carpe dans la neige.
Contrairement à certaines idées reçues qui restent vivaces dans l'esprit des pêcheurs, on fait de belles parties de pêche de novembre à mars, à conditions que les gelées ne soient pas excessives. Les petits étangs ou sablières demeurent les plus fiables pour la pêche hivernale des carpes. Les eaux gardent une température plus clémente, propre à maintenir toujours en activité quelques poissons.
Dans les rivières, les carpes se regroupent dans les endroits abrités et ensoleillés. Les entrées de bras morts constituent d’excellents postes pour pêcher la carpe. En canal, les poissons se rassemblent à proximité des écluses ou dans les parties élargies permettant aux péniches d'effectuer un demi-tour.
En sablière (ou petits étangs), les carpes recherchent les bordures et hauts-fonds, chauffés par le soleil. Le bord d'île, où les grosses haies plongeantes sont des postes caractéristiques, lors des journées glacières réchauffées par le soleil. Le moment le plus favorable de la journée se situe entre 11h et 15 heures. Passé cette heure, les touches se raréfient pour s'arrêter carrément lorsque l'intensité lumineuse devient trop faible.
Le soleil est lui aussi un atout pour réussir sa pêche: en réchauffant la surface de l'eau, il incite les poissons à remonter se nourrir sur les berges et hauts fonds, ceci facilite la localisation des carpes.
L'amorçage.
Le but de l'amorçage est de regrouper les carpes à un endroit donné, choisi et préparé par le pêcheur. Lorsque le frima hivernal s'installe la carpe, comme un bon nombre de cyprinidés, elle rentre en léthargie hivernale ; son activité, ses gestes se ralentissent. Les poissons choisissent des secteurs riches en zoobenthos, pour y passer l'hiver : d'où l'intérêt d'amorcer régulièrement des faibles quantités d'appâts, sur le même poste durant cette période. Pendant plusieurs jours et à une heure fixe ; de préférence en début d'après-midi. Une trentaine de bouillettes (crémeuses ou camées) et deux poignées de maïs doux suffiront pour que les poissons aient le temps de prendre goût et de s'habituer à cette denrée.
Les produits à désagrégations rapides ; comme les pellets ou bail pellets, sont conseillés, pour leurs hautes qualités attractives et non nutritives. Ils favorisent également, peu à peu, la concentration de quelques sujets intéressants attirés par cette complémentation facile. Cette méthode s'applique aussi bien en rivière qu'en étang. Dans les canaux, cela est plus aléatoire du fait du passage des péniches dont les remous brassent et dispersent l'amorce.
Un amorçage d'accoutumance prend toute sa mesure si vous êtes sûr de pouvoir pratiquer sur le même poste plusieurs jours de suite... sans voir quelqu'un d'autre s'y installer à votre place!
Le matériel.
Le matériel de pêche utilisé durant cette période ne change guère plus qu'en été : je fais plus allusion à l'accoutrement du pêcheur. Quand la température descend sous zéro, il est conseillé de bien s’habiller : effets chauds, bottes Néoprène, parka, gants et bonnet contribueront au classique treillis, pour les plus frileux les ensembles treillis, fabriqués à base de téflon et goretex, sont terribles, mais restent relativement onéreux.
Le confort dans ces conditions est primordial, si vous décidez de pêcher une journée, un sac de couchage accompagné d'un bon bed chair, ne seront pas de trop. Si le temps est instable, prévoyez un parapluie, d'une part il vous protégera du vent, d'autre part un sac de couchage mouillé par cette époque ce n'est pas des plus agréables. Vous décidez de partir un week-end ou plus, il faudra prévoir un biwy, un chauffage à catalyse, la bonne vieille bouillotte de grand-mère, qui est l’arme absolue pour les pieds et bien sur l’incontournable Thermos plein de café brûlant.
Le matériel de pêche doit être contrôlé plusieurs fois dans la journée, les anneaux pris par la glace, ainsi que certains éléments électroniques, ne sont pas toujours fiables par grand froid.
Petite anecdote : lors d'une pêche de nuit sibérienne de janvier 1996, j'avais tout prévu pour ne pas avoir de surprise lors de la nuit, enfin presque !
En pleine l'obscurité, j'entends un bruit constant et très faible ... "le frein d'un de mes moulins". En effet, j'avais réglé le volume de mes détecteurs au mini, je m'assurai donc que la centrale était opérationnelle. "Pas de chance", la capacité d'émission de celle-ci avait été diminuée par le froid brutal de la nuit. Dans le feu de l'action, je me précipite vers la porte du biwy : là, je me retrouve prisonnier dans mon propre abri. La condensation qui s'est formée à l'intérieur du biwy, est venue dégouliner le long de la fermeture éclair. Avec l'action du vent froid sur l’abri, un bloc de glace s'était formé sur celle-ci, la sortie par une voie traditionnelle m’était impossible. Sans scrupule je déchire la porte de la tente.
Voilà le prix à payer, pour une organisation prise à la légère. Certaines parties de pêche dites "extrêmes", peuvent coûter cher ! La leçon est retenue.
L'action de pêche.
Dès que vous êtes installé, vous pouvez démarrer l'amorçage par une vingtaine de bouillettes et un peu de maïs doux (une poignée), dispatchés sur un secteur précis en l'occurrence la zone amorcée au préalable. Si vous pratiquez dans un endroit souvent sollicité parce qu'il est réputé, les carpes ont tôt fait de répondre à l'amorçage, par contre, dans un plan d'eau moins fréquenté, il faut s'armer de patience.
Pendant la période froide, le plus dur est de faire venir les premières carpes sur le coup; les autres arrivent ensuite, attirées par la présence de leurs congénères, sur la zone amorcée. Une fois cette opération faite, vérifier votre ligne de A à Z ; la fin de saison est très souvent difficile, le nombre de prises est très faible, il serait donc dommage de perdre un poisson, à cause d'un hameçon usé ou d'une ligne abîmée par le temps.
Durant cette période j'utilise un gros Nylon de 45/100° corps de ligne, un plomb in line de 140 gr., un émerillon de taille moyenne raccorde les deux parties. Un bas de ligne en tresse de 25Lb d'une trentaine de centimètres présente un hameçon n°4, leur diversité est telle que les énumérer tous reviendrait à faire un catalogue pour le moins fastidieux à parcourir, j'utilise le plus souvent le Kryston qui propose un grand choix dans les tresses, comme hameçon j'ai une nette préférence pour un petit Hayabusa de 6 ou 4, à vrai dire leur taille et leur résistance dépend de la taille de l'esche et les conditions de pêche.
L'avantage de pêcher avec des hameçons de petite taille entraîne une diminution de la méfiance du poisson envers l'appât. J'esche une bouillette poisson de 20 mm relativement poreuse coupée en cube, bien boostée, pour une plus grande diffusion. Je rajoute à mon amorçage un sac soluble rempli de pellets de 4mm et des morceaux de bouillettes, à chaque ligne. De la sorte, la zone est amorcée précisément, sans gâcher l'amorce.
Conclusion
Pour conclure, je n'ai qu'une phrase à dire, voilà l'hiver et ses duretés, mais pas fini de pêcher pour autant ! Les rivières, les sablières sont si belles quand sur ses rives la neige met mille cristaux en couette épaisse sous les pas, sa blanche brillance des arbres décharnés et le gui aux pommiers endormis, toutes les carpes sont loin de l'être. Bref même quand l'année va finir sa carrière, celle du pêcheur se renouvelle encore et va recommencer au rythme des saisons.
Bon courage !
PS : en parlant de courage, il en faut c’est vrai, de la chance également. N’hésitez pas de la provoquer, si vous possédez un porte bonheur, un petit fétiche, emmenez-le en cas de coup dur, il sera là pour vous réconforter et vous redonner confiance………………
moi maintenant Zai le mien.
A bientôt, Manu.W
Publié par Manu le 28-12-2010