Telle est la question
Lorsque l’on pêche depuis plusieurs années, nous nous efforçons de toujours répéter les mêmes gestes, ceux qui ont toujours fonctionné et ce, tout naturellement et en toute confiance. Malgré une réussite et une régularité dans les résultats, nous avons tous eu un jour ce sentiment de monotonie, une pêche stéréotypée qui malheureusement nous fait passer à côté de nombreux bons moments et bien évidement à côté de poissons plus particuliers. Loin de moi l’idée de vous donner des conseils ou une marche à suivre pour renaître dans votre approche de la pêche de la carpe, non, je vais simplement vous faire partager ma remise en question…


Variez votre approche



Que ce soit sur le matériel, les appâts, les différentes eaux et sur les techniques de pêche, nous allons voir ensemble quelles questions je me suis posé et vers quel renouveau je tente d'aller pour repartir vers d’autres aventures et ainsi redécouvrir ma pêche de la carpe.

Soyons clair, il est inutile d’aller à la pêche sans matériel! Je vais donc commencer par vous exposer les changements que j’ai fait en me posant la question suivante : de quoi as-tu réellement besoin pour pêcher partout et en toute circonstance ?


Les indispensables...



Les tentations sont grandes et comme chacun, je me suis vite laissé tenter par bon nombre d’articles plus « pratiques » les uns que les autres. On arrive vite à saturation au niveau de la place et le budget en prend un coup, ce qui implique de devoir faire des sacrifices sur d’autres choses... Alors je me suis posé la question de savoir si dans tout ce fourbi, il n’y avait pas un tri à faire pour simplement exploiter plus profondément l’essentiel du matériel et non de pêcher là, avec telle canne, ou ici, avec tel support etc…

Il faut être lucide, ce n’est pas le matériel qui fait le pêcheur et encore moins celui qui permet de prendre plus de carpes et donc plus de plaisir. Attention, ce n’est pas parce que l’on va à l’essentiel qu’il faut négliger la qualité, que du contraire, avec moins de superflu on peut aisément consacrer un plus gros budget… logique !


L'essentiel



Rod pod, grandes cannes et fourreau démesuré sont partis sur le marché de l’occase et il me reste des piques alu, un mini rod pod inox et bien sûr mes 10 pieds passe-partout avec lesquelles je peux garantir 100 % d’efficacité en toute situation.

Pour ce qui est du petit matériel, j’estime qu’il faut pouvoir faire face à de multiples situations mais toujours en privilégiant des matériaux fiables et polyvalents.


Montages simples et efficaces



Par exemple, pour les montages combi rig, je bannis les émerillons et nœud en plein milieu du bas ligne et je m’oriente vers de la tresse gainée, beaucoup plus polyvalente et donc un gain de place dans la boite de pêche.
C’est en faisant le point sur vos pêches et surtout sur les eaux que vous pêchez que vous pourrez au mieux sélectionner le matériel dont vous avez réellement besoin… la balle et dans votre camp !




Le matériel est maintenant bien sélectionné, il est nécessaire de faire une réflexion sur les eaux qui nous tiennent à cœur et de se consacrer sur le fonctionnement et les mœurs des carpes qui y nagent. Ici, je ne parle pas des sessions programmées sur un site inconnu ou loin de votre domicile car c’est très particulier comme approche...

Pour ce chapitre, je pense qu’il est plus intéressant de voir les endroits que vous pêchez régulièrement, ce qui est beaucoup plus pratique pour évoluer positivement dans l’approche spécifique de chaque site.

L’idéal est d’avoir pris des notes au fur et à mesure de vos pêches et surtout, de faire un tableau qui montrera les postes et les approches les plus productives au fil des saisons… Depuis que j’ai fait ce genre de tableau, j’ai pu constater que ce ne sont pas toujours les mêmes postes qui déroulent chaque année suivant les saisons. Les carpes ont des mœurs et un comportement naturel qui y est associé et ceci même si la pression de pêche y est conséquente. En général, ce sont ces comportements qui permettent de faire une similarité entre les différentes eaux, entre les saisons et l’alimentation de nos amies. Voilà ce que j’appelle aller à l’essentiel, c’est-à-dire se poser les questions de où, quand et pourquoi ?


Au même moment, au même endroit...



Pourquoi les carpes sont à un endroit bien précis à une période bien précise ? Et bien, analysez ceci sur les eaux que vous pêchez et vous verrez, avec beaucoup d’observation et de déduction, vous trouverez pas mal d’indices qui vous mettront sur la voie du succès. Ceci étant dit, rien n’est jamais acquis et nous jouons avec la nature, ce qui induit que nous sommes dépendants des caprices de celle-ci et donc de l’humeur des poissons. Lorsque vous aurez établi des liens logiques avec les situations correspondant au comportement des poissons, il vous sera beaucoup plus simple d’aller là où il faut et quand il le faut !

Dans la continuité du "où et quand", il y a une réflexion profonde à faire sur les appâts et même sur les esches à utiliser selon les saisons et les situations. Les carpes fonctionnent sur un principe appelé le réflexe de survie, ce comportement est composé des critères de sécurité et de nutrition, un animal cherchera toujours ce qui est le mieux pour lui, voilà déjà une base pour construire votre approche de la pêche de la carpe.


Observez, observez et observez!



Les "où et quand" sont inévitablement liés, car si les carpes sont à un endroit et à un moment donné c’est qu’il y a une raison. Commencez donc par chercher les poissons et ensuite voyez ce que vous pourrez observer autour de cet endroit comme par exemple de la nourriture potentielle sur la berge ou bien encore un éboulis rocheux qui est probablement un nid à écrevisses… Dans ce cas, félicitations vous venez de trouver un zone de nourriture! Par contre, si aucune nourriture n’est visible à l'oeil nu, elle est probablement sur le fond, comme une tache de vase. Si vous ne pouvez rien déduire du lieu où se trouvent les poissons, voyez s’il n’y a pas d’obstacles aux alentours et si tel est le cas, vous avez trouvé un potentiel poste de tenue.

Prenez quelques notes pour compléter vos observations en tenant compte du mois, de l’heure, du vent et surtout de la tendance météorologique, et oui, tenir uniquement compte de la météo du jour est un peu limite dans la réflexion car les poissons mettent toujours quelques jours pour modifier leur comportement ou déplacement lorsque la météo change.

Venons-en à la remise en question qui concerne les appâts et par conséquent, les esches. Il faut impérativement garder à l’esprit que les poissons n’ont absolument pas besoin de nous pour se nourrir et de plus, tout ce que vous allez leur proposer, ne sera jamais qu’un complément à leur alimentation naturelle. De ce fait, composer une bille équilibrée et digeste qui offre au poisson une source de nourriture fiable est certes intéressant, mais à l'heure d’aujourd’hui je pense que c’est loin d’être la panacée universelle.

J’en suis revenu à penser que le simple fait d’avoir un appât digeste et le plus naturel possible est beaucoup plus logique que de tenter de reproduire en mix la nourriture naturelle des carpes ou voire même d’essayer de les détourner complètement de ce qu’elles ont réellement besoin. Certains diront que l’amorçage à long terme est l’arme absolue pour fixer durablement des poissons sur un coup et que c’est le seul moyen de pouvoir toucher tous les poissons d’un étang ou de la zone… S’arrêter à ce genre de discours est déjà une erreur, car affirmer qu’on a pris tous les poissons d’un étang est selon moi un peu prétentieux, à moins qu’il y en ait réellement 10 et que vous ayez 10 photos différentes !

J’en viens à dire que toutes les carpes n’ont pas exactement le même régime alimentaire, et surtout à des âges différents, donc soyons logiques, il faudra adapter et surtout bien réfléchir sur l’approche idéale selon les poissons qui nagent dans une eau ainsi que voir quels sont nos objectifs, quels types de carpes je pêche. Pour cela, rien de secret…les observations, les heures de pêche et votre faculté de vous adapter au milieu que vous pêchez seront sans aucun doute les meilleurs moyens d’arriver à vos fins. Je ne dis pas que les ALT ne sont pas efficaces, mais après un certain temps ou après de bons résultats, vous devrez sans doute revoir votre approche ou laisser reposer le poste, j’en déduis donc qu’un ALT est idéal pour préparer un poste inconnu et essentiellement quand la nourriture naturelle est présente en abondance.

L’amorçage à long terme aura pour rôle de mettre les poissons en confiance par rapport à vos appâts, mais sans jamais les fixer à 100% car, à moins de pêcher dans une bassine en plastique, la nourriture naturelle restera toujours le menu quotidien des poissons.

Pour parler un peu des esches, je dirais qu’il faut relativiser et surtout, de nouveau, s’adapter au milieu que vous pêchez et plus particulièrement à la nature du fond. Je n’ai pas la prétention de vous dire : là, faites comme si et là, faites comme ça, non pas du tout, mais il y a quelques principes de base à appliquer quel que soit le site, les carpes et le montage utilisé.


Adaptez votre hameçon à la taille de vos appâts



Respectez les principes de base comme par exemple :
- Mon esche doit toujours pouvoir être bien présentée.
- Etre cohérent entre la taille de l’esche, mon hameçon, mon amorçage et la nourriture naturelle.
- La densité de mon esche par rapport à la nature du fond et donc par rapport à la manière dont les carpes se nourrissent.
- Le degré de méfiance des poissons.


Discrétion et finesse



A mes yeux, les autres paramètres sont secondaires car je pense que lorsque les carpes sont là, qu’elles se nourrissent et que votre montage est pêchant… il n’y a plus grand-chose qui peut empêcher une éventuelle touche, hormis la présence d’indésirables coriaces comme les chevesnes et les brèmes; j’ai d'ailleurs depuis quelques années maintenant, considérablement diminué la taille des appâts que j’utilise et les résultats n’ont pas tardé à évoluer vers le haut.


Mini appâts, maxi résultats



Maintenant que vous avez une idée sur la zone à pêcher, il reste un point à affuter : l’approche adéquate. Gardez toujours à l’esprit qu’il est plus facile d’ajouter, que de retirer de l’amorce. J’ai depuis quelques temps revu mon approche globale qui ne consiste plus à déverser 1 kg de billes ou de graines en arrivant, mais bien de prendre mon temps pour observer le secteur, ce qui me permet déjà de voir s'il y a de l’activité aux alentours, d’éventuellement voir d’où vient le vent ou comment le soleil est-il orienté. Croyez-moi, on est parfois surpris par la nature qui inverse toutes les théories ou bien votre amorçage préalable qui se voit complètement à côté de la situation du jour.

Je n’hésite plus à ignorer quelques poignées de graines ou de billes déversées un ou deux jours avant et ce, pour changer de poste le jour où je me rends au bord de l’eau. Vous me direz que je suis fou, puisque j’ai marqué une zone pendant deux jours, forcément les carpes ont repéré le coin et vont venir se nourrir.
Et bien ce n’est pas toujours vrai dans la mesure où les poissons ont un sens beaucoup plus aigu que nous pour ressentir les moindres changements climatiques ou de situation par rapport à un moment donné. C’est pour cela qu’il est primordial de connaitre au mieux le régime alimentaire des poissons sur une eau et surtout en fonction des saisons car, quelque soit votre approche de base, le poste choisi ou encore quelque soit le moment de la journée, ce qui sera déterminant c’est de savoir sur quelle nourriture elles sont susceptibles d’être à la période pendant laquelle vous allez pêcher et ce, sur n’importe quelle eau. J’en reviens donc à dire que la connaissance du milieu où évoluent les carpes, que la connaissance de leur environnement et la connaissance de leur nourriture naturelle au fur et à mesure de leurs besoins et donc, au fur et à mesure de la saison sera beaucoup plus important pour réussir que l’additif X adjoint à l’arôme Y avec le booster Z.

Pour terminer, je vais vous expliquez une situation à laquelle j’ai été confronté il y a quelques temps. Sur une eau à forte densité de nourriture naturelle et où nagent de très beaux poissons, il m’a été possible de voir aux endroits clés des éclosions de verres de vase et pas des moindres...

Ce plan d’eau est vaseux sur toute la superficie, il y a également pas mal de nourriture qui tombe des arbres selon les saisons, des escargots d’eau et bien sûr des corbicules. Je dois dire également que les foulques sont très présents, gros comme des poules et bien-sûr méga affamés. Donc, dans ma première idée, j’allais utiliser des appâts de bonne taille pour sélectionner les plus beaux sujets mais aussi pour éviter de me faire vider le poste par les voleurs à plumes noires !

Quelle ne fut pas ma surprise de me rendre compte que mes résultats étaient catastrophiques puisque les touches ont été très très rares…
Il a fallu donc me remettre en question, ou plutôt mon approche.
J’ai donc passé énormément de temps à tenter de faire des similitudes entre la nourriture naturelle, les beaux sujets, la manière que les poissons utilisent pour se nourrir et mes appâts ou plutôt la taille de mes appâts ?

Selon vous quel était le problème… ???
Et bien, le problème venait tout simplement de la taille de mes appâts, pourquoi ? C’est très simple. Toute cette nourriture naturelle se trouve sur ou dans la vase, ce qui m’amène à penser que les poissons n’aspirent pas la nourriture mais fouillent et raclent le fond. Le lien avec mes billes est simplement que devoir aspirer fortement une bille de 24 ou de 20 mm est totalement inhabituel pour les carpes de ce plan d’eau ! D’où, grande méfiance face à une densité différente et surtout à la manière de devoir avaler cette nourriture.


Mini particules, mini billes...



Le fait d’avoir descendu en taille d’appât m’a permis de réussir beaucoup plus facilement mes pêches sur ce plan d'eau. C’est d’ailleurs, à mes yeux, une des raisons pour laquelle le chanvre fait des ravages depuis des années sur ces poissons en particulier.

Si comme moi vous avez une ouverture d’esprit à toute épreuve et que vous désirez évoluer et continuer d'apprendre la pêche de la carpe et les carpes, n’hésitez jamais à remettre en question chaque détail de votre pêche.

Se remettre en question est selon moi indispensable pour continuer à évoluer et à progresser. Par contre restez confiants dans ce que vous accomplissez.

Le bison disait, les vérités d’un jour sont rarement celles du lendemain… à méditer !

Bonne pêche à tous.









Publié par d'jé le 27-09-2012
Créé par Actorielweb