Carpons en Creuse
Février 2013, l’hiver est bien installé sur notre région et la pêche rapporte très peu de résultat.
C’est aussi la période propice à la recherche d’un lieu de villégiature pour passer nos vacances.
C’est décidé, je place deux semaines de congés au boulot et Madame (Anicée) fait de même.
Nous partirons donc du 22 juin au 6 Juillet.
Reste quelques petits détails à régler et non des moindres, partir oui mais où ?

Anicée ayant choisi les vacances passées en Normandie au mois d’Avril, elle laisse libre cours à mes recherches.
Nous partageons le même amour pour la nature et le calme, le même dégout pour le bruit, la pollution et la ville, ce qui me permet déjà d’effectuer un gros tri dans mes recherches.

Il faut également insérer dans nos recherches, mes deux compagnons canins et c’est bien souvent là que les choses se compliquent.

Si il est relativement simple de trouver un endroit où les deux chiens d'Anicée sont acceptés (deux chihuhahas), il est tout de suite plus compliqué d’en trouver un qui accepte les deux miens (deux malinois).

Eliminons aussi tout ce qui est hôtel, chambres d’hôtes, villa luxueuse avec piscine et privilégions un gîte dans un endroit calme.

Les recherches commencent dons sur google « gîte en France animaux acceptés ».

Les possibilités sont nombreuses mais il est déjà tard dans la saison et trouver un gîte répondant à toutes nos exigences n’est pas une mince affaire.

Plusieurs mails, appels téléphoniques sont réalisés mais bien souvent les logements sont pris ou n’acceptent pas plus d’un chien.

Lors de mes recherches, je découvre un nouveau type d’hébergement auquel je n’avais pas pensé. Des chalets en bois au bord d’un lac dans le cantal...

Anicée s’empresse de prendre contact par téléphone mais au premier abord la propriétaire rechigne à louer ses gîtes à des personnes possédant deux grands chiens.

Belle parleuse, Anicée parvient à rassurer la propriétaire qui accepte finalement la location et nous demande de lui envoyer nos coordonnées par mail.

J’embrasse Anicée et je me mets à la rédaction du mail avec beaucoup d’enthousiasme.

Un jour, deux jours, une semaine passe sans que nous n’ayons de nouvelles.

Anicée tente alors de reprendre contact avec la propriétaire mais sans succès, c’est le silence et l’ignorance à nos mails.
Parfois il est plus simple d’éviter le conflit et de passer à autre chose.

Bien que l’endroit avait l’air très bien, cette histoire me force à ne pas faire la pub de ce gîte raison pour laquelle je ne le nommerai pas.

Les recherches reprennent donc, nous sommes en Mars et le temps presse.

J’insère dans mes recherches « Gîte en France avec chien et étang ».
Pourquoi ne pas mêler la pêche dans tout ça ? Anicée n'y voyant pas d’inconvénient, j’axe mes recherches sur ce type de location.

Après plusieurs semaines, je tombe enfin sur un endroit qui sur photo semble paradisiaque.

Il s’agit d’un chalet en rondins de bois dans le département de la Creuse en France.

Immédiatement je contacte le propriétaire et ce dernier m’informe de la disponibilité du plus grand des deux chalets. Il m’explique qu’il possède deux chalets. Chaque chalet se trouve au bord d’un étang privatif aux locataires et dans lequel la pêche est autorisée !
Reste une dernière question, accepte-t-il les gros toutous ?
Oui ! Je réserve, euh enfin non je vais quand même soumettre l’endroit à Anicée….
Le lendemain, le mail de confirmation est envoyé et le séjour réservé.

21 Juin en soirée, le véhicule est chargé et devinez ce qui prend le plus de place ? Et oui le matos de pêche, 4 cannes, 20 kilos de boules, 10 kilos de tiger nuts, le bateau téléguidé…
Pour pouvoir tout transporter j’ai du demander à un ami de me prêter son bac de toit, un outil génial sans lequel je n’aurais pu tout emporter.

22 Juin, 4 heures du matin c’est le départ. J’embarque les chiens, je demande à Anicée de bien vouloir monter, et on démarre pour l’aventure.

J’adore la France, c’est un pays magnifique, diversifié et riche de culture.
Depuis quelques années je pars en moyenne deux fois par an en France.
27 régions, 101 départements, je vous laisse imaginer les kilomètres de rivières et de lac.
C’est vraiment un pays qui mérite le détour et qui de plus est situé à côté du nôtre.

22 juin, 11 heures nous arrivons à destination, reste à trouver le gîte...

Nous rentrons dans le petit hameau dans lequel le propriétaire habite.
Immédiatement, nous sommes interpelés par le conducteur d’une vieille Renault Express.
« Vous cherchez le gîte de Francois ?
Oui, oui.
Vous devez descendre le village et prendre le deuxième chemin de terre à gauche.
Merci, Messieurs et bonne journée ».

Je vois la tête d’Anicée changer et je lui demande ce qu’elle a ?
Elle m’explique qu’une queue de renard pendait au rétroviseur de la vieille camionnette...

Et oui, c’est une région où il n’y a pas beaucoup d’autres activités que la pêche et la chasse.

Nous montons dans le haut du village pour faire demi-tour.
Nous sommes à nouveau interpellé par un vieux Monsieur avec son chien.
« Vous cherchez François ?
Oui mais nous avons déjà été renseigné, merci.
Ah ca va alors, passez un bon séjour parmi nous ».

Alors que je veux descendre dans le bas du village, le chien du vieux Monsieur entame une course poursuite avec la roue avant droite de ma voiture.
Voyant cela le vieux Monsieur hurle « tayot, tayot ».
Ne sachant pas s’il s’adresse à moi ou à son chien, je ralentis.
Le chien qui semble se prénommer Tayot n’a que faire du rappel de son maître et tente par tous les moyens de mordre mon pneu.
Je parviens finalement à m’en défaire, Anicée est en larmes tellement elle rit.

Une centaine de mètres plus loin, nous découvrons le chalet et restons bouche bée par la beauté du lieu.


Le chalet




Après quelques minutes, François, le propriétaire arrive à notre rencontre.
Vêtu d’une tenue kaki et arborant un magnifique couteau de chasse à la ceinture, il se présente avec beaucoup de sympathie et de simplicité.

Anicée me regarde et me montre le couteau de François des yeux. Je rigole intérieurement devant son étonnement, et oui je ne t’ai pas amené au bord de la mer ma chérie.

Présentation de notre gîte et installation de nos effets.
Il va sans dire que hormis descendre les sacs de la voiture, je n’ai rien fait grand-chose dans le gite. Je me suis vite attelé à déployer mon matériel.

Ah oui, j’oubliais l’arrivée vécue par nos chiens.
Concernant Fox, mon chien de travail, à la vue de l’eau ses yeux se sont enflammés de bonheur et il s’est très vite retrouvé au milieu de l’étang à nager en rond.
Par contre, Koumal, mon deuxième chien s’est empressé d’aller s’installer à l’ombre d’un arbre. J’ai pu lire dans son regard de taupe battue « Oh non de l’eau, je veux rentrer ».

Les cannes à l’eau, le premier départ ne se fait pas attendre et les suivants non plus d’ailleurs !
Des petites carpes de quelques kilos très combatives viennent goûter au confort d’un bon matelas de réception belge.

La première nuit arrive et j’explique à Anicée que si la centrale qui se trouve sur ma table de nuit vient à sonner, je vais me lever disons assez vite et sortir.
Elle semble me prendre pour un fou mais acquiesce sans rechigner.

La nuit me rapporte 4 nouvelles carpes. Le matin arrivé je demande à Anicée si elle a bien dormi.
Elle me regarde et esquisse un petit sourire en coin. « Oui, je n’ai pas été réveillée par le bip bip mais plutôt par le tremblement de terre qui se produisait à chaque fois que tu quittais le lit ».
Oups, je vais devoir faire plus doucement la prochaine nuit.



Durant la journée, les départs s’enchainent et j’arrive vite à 15 carpes.
De commun accord, nous avons décidé de rester les deux premiers jours au gîte pour nous reposer. Je n’y vois aucune objection évidement.











Vers 15 heures, un véhicule se présente à nous. Un petit 4x4 blanc conduit par un vieux Monsieur.
C’est le père Nadaud ! Le papa de François qui vient nous accueillir avec un bon gâteau régional.






« Bonjour, je suis le papa de François, vous avez fait bon voyage? »
Les présentations faites, le père Nadaud nous conseille sur les activités à faire dans la région.

Ce qui retiendra l’attention de Anicée durant les 2 semaines de vacances ce sont les paroles suivantes que le père Nadaud nous a tenu lors de notre première rencontre.

« Ici ce n’est pas la France, c’est une colonie. On est des sauvages et méfiez vous car ici, le danger vient d’en haut ! »
Oula il n’en fallait pas plus pour que Anicée se demande où nous sommes tombés. Après les deux trappeurs à la queue de renard, le vieux tayot et maintenant le père Nadaud !

Quant à moi, je m’amuse à écouter ce vieux Monsieur me raconter sa vie de 92 ans ! Je me sens honoré de pouvoir converser avec lui et mon regard est rempli d’admiration.

Soudain, il me vient une pensée pour mon papy, parti en Novembre bien plus jeune que le père Nadaud.

Le reste de la journée et les jours qui suivent voient l’arrivée de nombreuses carpes sur mon tapis. La plus grosse pèse 7 kilos et présente une écaille un peu abimée ce qui me permet de la reconnaitre sans aucun doute lors de son deuxième passage sur la berge.

Nous effectuons la visite de la région et nous offrons quelques bons gueuletons bien arrosés, c’est les vacances.










Le mercredi 26, alors que je suis occupé à relancer mes lignes, j’entends koumal aboyer au loin. Bien que nous sommes dans un coin paumé en pleine nature, le terrain n’est pas clôturé.

Je m’approche donc de l’endroit d’où proviennent les aboiements et je constate que Koumal est rentré dans un champs où se trouvent 3 vaches limousines et un petit veau.

La catastrophe, je tente de rappeler Koumal mais vu qu’il a autant de rappel qu’un caillou, il n’a que faire de mes hurlements. Son instinct de chasseur est en alerte. Lui d’ordinaire très calme, se retrouve très vite à courir derrière les vaches et tente d’attaquer le petit veau.

Les vaches gardent un sens maternel très prononcé et la mère du petit veau fait barrage.

Pendant ce temps, les deux autres vaches se mettent à charger Koumal.
Je suis en short et en sabot, je cours derrière Koumal pour tenter de le rattraper mais pour une fois il est rapide. Les vaches continuent à charger Koumal et leurs cornes le frôlent de très près.

Entre temps Anicée alertée par mes cris arrive pour m’aider.
Il nous faudra près de 35 minutes pour rattraper Koumal. Par miracle il ne s’est pas fait encorner mais à plusieurs reprises les vaches sont parvenues à lui faire danser la java...

Il s’en sort avec un coup de corne dans la patte droite et une belle cicatrice sur le ventre.
Anicée et moi sommes à bout de souffle, griffés par les orties. J’ai perdu mes deux sabots dans le champ et je suis à chaussette avec de la bouze de vache jusqu’aux mollets.

Comme si ce n’était pas assez, Anicée fait une crise d’asthme.
Il s’agit là de notre pire journée de vacances mais avec le temps nous parvenons à en rire.











Le samedi 29, mes parents et un couple d’amis qui remontent du sud de la France, viennent passer une nuit dans notre demeure. Guy, l’ami de mes parents est également pêcheur et dès son arrivée je vois qu’il meurt d’envie de taquiner le poisson.

D’ordinaire pêcheur de carnassier, il retrouve très vite le gout de la pêche au coup et s’amuse à prendre quelques carpes.

11h15, c’est l’heure du Ricard ! Tous mes invités se trouvent de l’autre côté de l’étang et sont occupés à pêcher. Afin de ne pas me fatiguer alors que je suis en vacances, j’use de malice pour leur offrir un petit apéro.
Qui a dit que le bateau téléguidé servait à amorcer ou déposer des lignes ? Et oui, l’apéro leur est livré par la voie nautique.








S’en suit un bon bbq et une partie de pétanque.

Vers 15 heures, j’enregistre un nouveau départ. Le poisson semble plus gros, il est très combatif malgré la chaleur ambiante.
Une fois dans l’épuisette je le reconnais, c’est à nouveau la carpe de 7 kilos avec l’écaille abimée. C’est la troisième fois sur une semaine que cette carpe vient me rendre visite...

Après tant d’émotion, je me décide à la baptiser.
Juste avant mon départ en vacances j’ai appris une terrible nouvelle, le décès d’un ami, d’un carpiste amoureux de la nature et qui a donné énormément à la pêche, Luc Therace.

Je baptise donc cette carpe Luc en son honneur.






La deuxième semaine s’annonce déjà et nous continuons nos visites en journée.

Notre découverte de la région nous amène au lac de Vassivière.
Le lac de Vassivière est un lac artificiel de 1000 hectares qui fut créé en 1950.

C’est le plan d'eau le plus important du Limousin et un des plus grands lacs artificiels de France. Il se situe au nord-ouest du plateau de Millevaches, au sein d'une forêt épaisse, au confluent des trois départements Corrèze, Creuse, Haute Vienne, bien qu'il soit situé sur les deux derniers uniquement.

Nous passons la journée sur place hélas avec un temps maussade.
Des trajets en bateau gratuit permettent de traverser le lac de part et d’autre sans devoir utiliser la voiture.

Un petit train également gratuit permet de rejoindre l’île de Vassivière située au milieu du lac.
C’est un endroit vraiment agréable et je suis tombé sous le charme de ce magnifique lac.
Les chiens ont également pu apprécier les diverses balades de la région.











Le mercredi, nous décidons de suivre les conseils de notre hôte et partons souper dans une crêperie située à Mouthier d’Ahun.

Sur place, nous passons une magnifique soirée et rencontrons des gens du village avec lesquels nous nous lions d’amitié.
Il s’agit de la créperie « Le marais » tenu par un couple de femmes.

Le jour avant notre départ nous sommes retournés dans ce petit restaurant et avons passés à nouveau la soirée sur place en compagnie de François et son épouse.

Bien plus que des vacances, nous avons fait des rencontres humaines et sommes déjà invités pour le nouvel an à passer le réveillon dans la salle du village.


Au terme du séjour, j’ai pu prendre 115 carpes et j’ai fait passer 15 nuits de bip bip à Anicée.

Concernant la phrase du premier jour du père Nadaud, nous apprenons finalement que le danger qui vient d’en haut n’est rien d’autre que les canards !

Je conseil vivement ce gîte à toute les personnes qui veulent se reposer dans une région naturelle encore épargnée par le tourisme.
Et concernant notre réveillon de nouvel an, nous savons déjà ou le passer.







Carpicalement,

Erwin alias Buldozer

Publié par Seb le 15-07-2013
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